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Par Andrea Wright, directrice du développement de l'Aquarium de Vancouver

À bord du MV Akademik Sergei Vavilov, en regardant le détroit de Lancaster très gris et brumeux, il est facile d'imaginer que je suis chez moi sur la côte ouest du Canada. Mais beaucoup de choses me disent le contraire. Les oiseaux de mer ne ressemblent pas à nos mouettes. Les phoques annelés sont nettement différents de nos phoques communs. Et bien sûr, il y a les icebergs. Bien qu'ils ne soient pas aussi nombreux qu'au large du Groenland, ils sont d'une beauté envoûtante et constituent un spectacle arctique aussi emblématique que les ours polaires et les bélugas, qui n'ont pas encore été aperçus.

Je ne savais pas à quoi m'attendre pour mon premier voyage dans l'Arctique. Le temps a été étonnamment chaud, bien qu'aujourd'hui il soit frais et humide. La terre est assez dénudée, les glaciers se retirant dans les montagnes dépourvues d'arbres. L'absence d'arbres ne signifie pas l'absence de vie végétale. La toundra regorge de mousses, de lichens et d'autres plantes magnifiques. Les couleurs du sol et de la flore sont tissées ensemble dans ce qui ne peut être décrit que comme une tapisserie arctique unique.

Nous sommes rentrés dans les eaux canadiennes hier et avons touché terre à Pond Inlet, une communauté d'environ 1 500 habitants. Le contraste entre Pond et les trois communautés que nous avons visitées au Groenland est frappant. Kangerlussuaq, Sisimiut et Ilulissat sont incroyablement dynamiques, les bâtiments étant peints dans des couleurs vives avec de jolies bordures blanches. Malgré cette beauté évidente, nous n'avons pas eu beaucoup d'échanges avec les habitants et n'avons pas pu nous faire une idée précise de la communauté.

La communauté d'Ilulissat.
La communauté d'Ilulissat.

C'est là que Pond Inlet est un monde à part. Nous avons été accueillis sur la plage (notre point de débarquement en zodiac) par Rosie, Ina ("Ee-na") et Zoe, nos guides locaux. Rosie était vêtue d'un costume traditionnel inuit et a gracieusement accepté d'être photographiée. L'histoire d'Ina nous touche droit au cœur. Elle est née à Pond et est partie à l'âge de deux ans et demi pour Iqaluit, où son père avait trouvé du travail. Ils y ont vécu pendant neuf ans, avant de revenir à Pond lorsque la grand-mère d'Ina était mourante. Elle y reste quelques années, jusqu'à l'obtention de son diplôme, puis repart pour Iqaluit. Elle a traversé l'Arctique canadien et s'est dirigée vers le sud, non pas vers Palm Springs ou le Mexique, mais vers Toronto. Pour les Inuits, aller "au sud" n'a pas la même signification que pour ceux d'entre nous qui vivent plus près du 49e parallèle. Elle est retournée à Iqaluit, où elle a adopté son fils en tant que mère célibataire. C'est à ce moment-là qu'elle est revenue à Pond, car elle avait besoin de l'aide de sa famille pour élever son fils. Elle est assez heureuse à Pond et aime être entourée de sa famille et de sa communauté, mais elle craint que son fils ne grandisse dans l'isolement.

Rosie dans ses vêtements traditionnels inuits.
Rosie dans ses vêtements traditionnels inuits.

Dans un sens, ses inquiétudes ne sont pas infondées. Pond, comme de nombreuses communautés de l'Arctique, est très isolée par rapport à nos normes méridionales. Et pourtant, ce n'est pas le cas. Elle dispose d'un centre de santé, de deux écoles, d'une épicerie (avec le Tim Horton le plus septentrional du Canada) et est reliée au reste du pays et du monde par voie aérienne et maritime (cette dernière durant les mois d'été). Les habitants sont les plus chaleureux et les plus aimables que j'ai rencontrés au cours de mes voyages. Ils sont fiers de leur communauté et de leurs liens millénaires avec la terre. Le traumatisme d'avoir été arrachés à leurs maisons et déplacés dans l'Arctique, sans parler des pensionnats, est presque à fleur de peau, mais ils sont résilients. Nous avons assisté à une incroyable démonstration de culture, allant de quelques démonstrations sportives dans le cadre des Jeux de l'Arctique à des chants de gorge. Pour moi, le plus émouvant a été d'entendre le O Canada chanté en inuktituk (la langue du Nunavut). Cela a fait pleurer plus d'un d'entre nous.

Le glacier Sirmilik au loin, en face de Pond Inlet.
Le glacier Sirmilik au loin, en face de Pond Inlet.

J'ai parfois eu l'impression d'être un voyeur, mais nous n'avons pas été accueillis de la sorte. Nous avons été accueillis par des sourires et des personnes désireuses d'apprendre d'où nous venions et de nous raconter leur histoire.

La plupart des Canadiens ne viendront pas ici. Mais ils devraient vraiment le faire. C'est un pays extraordinaire avec des gens extraordinaires. Et nous n'avons même pas encore vu la faune et la flore.

Jusqu'à présent, l'Arctique a largement dépassé mes attentes. Je me sens privilégiée de faire partie de l'expédition de recherche arctique 2016 de l'Aquarium de Vancouver et de voyager avec notre groupe incroyable ainsi qu'avec le personnel et l'équipage absolument extraordinaires de One Ocean Expeditions.

Avec la hausse des températures mondiales, nous sommes en train de courir contre la montre pour mieux comprendre l'une des régions de la planète les moins bien comprises sur le plan scientifique : l'Arctique. Ce mois-ci, les scientifiques du Vancouver Aquarium Marine Science Centre se dirigent vers le nord pour approfondir les projets de recherche novateurs sur l'Arctique lancés en 2015, en collaboration avec Polar Knowledge Canada (POLAR), l'agence fédérale chargée de faire progresser les connaissances du Canada sur l'Arctique et de renforcer le leadership canadien en matière de sciences et de technologies polaires. Cette série de blogs retrace le temps et les efforts de recherche de nos scientifiques dans l'Arctique.

Posté le 22 août 2016 par Vancouver Aquarium

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