Une approche systémique de la conservation des bassins versants : Réflexions de la station de recherche du lac Kluane
Ocean WiseLe programme d'action directe de la Fondation place 30 jeunes dans des stages immersifs d'apprentissage par le service, virtuels et sur le terrain, auprès d'organismes gouvernementaux, d'organismes à but non lucratif et de partenaires des arts créatifs dans tout le Canada. Au cours de l'été 2022, Alissa Sallans a travaillé comme assistante de recherche avec la candidate au doctorat Kristina Miller dans le cadre du programme Action directe pour les jeunes Ocean Wise à la station de recherche du lac Kluane, au Yukon. Après avoir terminé son stage d'action directe, Alissa a commencé sa maîtrise en durabilité environnementale à l'Université d'Ottawa, où elle espère approfondir ses connaissances sur les intersections entre le climat, l'eau, la justice et la durabilité.
Au cours de l'été 2022, j'ai eu l'occasion unique d'apprendre de la candidate au doctorat Kristina Miller à la station de recherche du lac Kluane de l'Université de Calgary, située dans le sud-ouest du Yukon, et de découvrir l'hydrologie du Lhù'ààn Mǟn (lac Kluane). Après avoir passé l'été à explorer le bassin versant, à étudier les sources d'écoulement des cours d'eau, à cartographier les eaux souterraines et à établir des liens avec d'autres chercheurs à la station de recherche, il m'est apparu que la conservation des bassins versants exige que les chercheurs tiennent compte d'autres facteurs de conservation que la simple étude de l'eau dans les bassins versants. Il semble que pour réussir à protéger les bassins versants, nous devons réfléchir de manière holistique aux relations environnementales qui soutiennent les masses d'eau résilientes. En fait, la conservation des bassins versants implique une réflexion systémique.
La pensée systémique consiste à réfléchir à la manière dont les processus sont liés et dont ils s'influencent mutuellement. Dans le cas de Lhù'ààn Mǟn, les modèles de fluctuations de l'eau, les boucles de rétroaction des changements environnementaux, les relations entre l'eau et la santé humaine, les changements dans les modèles de mouvements de la faune et l'impact de tous ces changements sur les connaissances traditionnelles sont tous des pièces du puzzle lorsque l'on pense à la conservation du bassin versant.
Réalisée par : Alissa Sallans
Lhù'ààn Mǟn est le plus grand lac du Yukon situé sur le territoire traditionnel des Premières Nations Kluane, Champagne-Ashihik et White River dans le bassin versant de la mer de Béring. En 2016, la Ä'äy Chù (rivière Slims) qui était considérée comme la plus grande source d'eau alimentant le Lhù'ààn Mǟn, a été détournée par le recul du glacier Kaskawulsh, ce qui a entraîné une baisse importante du volume de la rivière. Bien que les niveaux d'eau du Lhù'ààn Mǟn aient diminué de 2 mètres en conséquence, le lac est resté relativement constant en termes de volume, ce qui soulève la question des sources d'eau qui alimentent le lac. Les recherches de la doctorante Kristina Miller visent à répondre à cette question en analysant les eaux souterraines, le débit des cours d'eau et d'autres variables.
Le lac n'a pas seulement été un site de recherche en hydrologie, mais aussi de recherche dans les disciplines de la géologie, de la biologie, de la glaciologie, de la climatologie et de plusieurs autres " -ologies ". Plus je pense à la recherche qui se déroule à la station de recherche du lac Kluane, plus je me rends compte à quel point ces disciplines sont interreliées et à quel point l'eau est liée à la santé humaine, au savoir traditionnel et à l'écosystème dans son ensemble.
Par exemple, depuis que le lit de la rivière Ä'äy Chù est pratiquement asséché, il est devenu une source importante de tempêtes de poussière. Le limon et la poussière qui étaient enfouis par la rivière sont maintenant soulevés par le vent qui traverse la vallée, ce qui a un impact sur la qualité de l'air et déplace les éléments traces sur de plus grandes distances. La candidate au doctorat de l'Université de Montréal, Sophie Pouillé, et son équipe ont séjourné à la station de recherche pendant trois semaines cet été afin de déterminer si des éléments traces, comme l'arsenic, s'accumulaient dans les plantes utilisées traditionnellement, comme les fleurs jumelles et les baies de savon, autour de Lhù'ààn Mǟn, et s'ils se déposaient au fond des lacs de la région. Ces travaux peuvent aider les chercheurs à comprendre comment ces tempêtes de poussière affectent la santé humaine, à indiquer la quantité de ces éléments traces qui pourraient être dissous dans le Lhù'ààn Mǟn, et à déterminer quelles recherches supplémentaires sont nécessaires.
Photo : Alissa Sallans
L'Ä'äy Chù représente plus qu'un nouveau site d'intérêt scientifique ; ses changements ont également eu des implications culturelles. Dans le rapport sommaire du sommet de recherche de Kluane de 2019, il est noté que non seulement Lhù'ààn Mǟn a connu des changements environnementaux au cours de la dernière décennie, mais aussi que " les relations avec la langue changent " (p. 40). Chù signifie "eau" dans la langue tutchone du sud, mais maintenant que l'Ä'äy Chù a perdu la majeure partie de son eau, la signification de son nom a perdu sa signification originale. Ceci n'est qu'un rappel de l'importance du savoir traditionnel et de la signification culturelle de Lhù'ààn Mǟn et de l'eau qui l'entoure.
En fait, le nom Lhù'ààn Mǟn signifie lui-même "Grand lac du corégone", car le lac est connu pour être un bon lieu de pêche au corégone, à la truite et au saumon. Le lac est un important habitat de frai pour le saumon kéta migrateur, mais il a déjà été démontré que le réchauffement de la température de l'eau, la réduction des eaux souterraines et la baisse du niveau général de l'eau contribuent à la diminution, ces dernières années, du nombre annuel de kétas. Ce type de changement au niveau des espèces a des répercussions sur la pêche locale et a des effets en chaîne dans la chaîne alimentaire.
Une autre espèce importante sur les plans culturel et écologique qui vit autour du lac est le mouflon de Dall. Dans le parc national et la réserve de parc national Kluane, Parcs Canada surveille l'eau douce, les forêts et la toundra - et a recensé les mouflons de Dall sur Thechàl Dhâl (la montagne des mouflons) depuis 1974. Mary Anne Schoenhardt, étudiante à la maîtrise à l'Université Queen's, est venue à la station de recherche pour étudier les caractéristiques de la végétation dans l'habitat utilisé par le mouflon de Dall. Je l'ai accompagnée lors d'une randonnée sur le Thechàl Dhâl pour l'aider à réaliser des transects de végétation afin de documenter la présence d'espèces alpines qui font partie du régime alimentaire des mouflons de Dall. L'accès à ces plantes alpines a un impact non seulement sur l'accès des mouflons de Dall à la nourriture, mais aussi sur leurs habitudes de déplacement et leur capacité à éviter les prédateurs. Ces plantes peuvent être grandement affectées par les changements dans la couverture neigeuse. Les changements dans l'utilisation de l'habitat de ces moutons au fil du temps peuvent être le signal d'un changement à venir plus bas dans la vallée également - ce qui nous rappelle que la santé d'un bassin versant inclut l'intégrité écologique de la région dans son ensemble.
Photo : Alissa Sallans
Les relations entre l'eau, les plantes, la culture, les espèces aquatiques et les espèces terrestres peuvent démontrer comment l'hydrologie traverse toutes les disciplines et nous permettent de réfléchir à la façon dont une approche systémique peut aider à comprendre, surveiller, protéger et conserver Lhù'ààn Mǟn et son bassin versant.
Un grand merci à Ocean Wise pour m'avoir donné l'occasion d'être une ambassadrice d'action directe cet été, à Kristina Miller pour m'avoir fait participer à ses recherches, à la station de recherche du lac Kluane pour m'avoir accueilli cet été, et à toutes les personnes merveilleuses que j'ai rencontrées, avec lesquelles j'ai travaillé et appris à la station de recherche.
Jeunesse Ocean Wise L'initiative jeunesse d'Ocean Wise se compose de trois programmes : Portail Océan, Action Directe et Jeunesse pour l'océan, qui offrent tous une éducation et des compétences pratiques en matière de conservation des océans. En apprenant auprès d'expert.e.s en conservation marine et avec le soutien d'Ocean Wise, les jeunes sont habilités à agir et à devenir des ambassadeur.rice.s pour l'océan.Les programmes pour les jeunes d'Ocean Wise sont financés par le gouvernement du Canada par le biais de Service Canada Jeunesse. Pour en savoir plus ou pour devenir un.e ambassadeur.rice: Programmes jeunesse - Ocean Wise.
Action directeCe programme unique de stage de trois mois offre à 30 jeunes âgés de 18 à 30 ans des projets de conservation et de communication sur le terrain et virtuels. Les jeunes travaillent en étroite collaboration avec des scientifiques, des chercheur.euse.s, des communicateurs et des éducateur.rice.s reconnu.e.s sur des projets de conservation et d'écologie aquatique et marine. Les ambassadeur.rice.s bénéficient également de séances de coaching et de formation par le personnel d'Action Directe afin de renforcer leurs capacités en tant que leaders dans le domaine des océans et de l'eau douce.
Corps de service du Canada
Le Corps de service du Canada est conçu pour générer une culture de service chez les jeunes Canadiens ; des résultats concrets pour les communautés ; une croissance personnelle par la participation à une équipe diversifiée de pairs ; et des impacts durables sur les participant(e)s. Visitez le site www.canada.ca/CanadaServiceCorps pour en savoir plus et savoir comment vous impliquer de la manière qui vous convient le mieux.
Publié le 31 octobre 2022 par Ocean Wise
