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Je me suis récemment assise dans le salon de Saul Aqslaluk Qirngnirq, écoutant les histoires de comment étaient les choses et les descriptions de comment sont les choses pour Saul, un aîné du hameau de Gjoa Haven, au Nunavut. Il m'a raconté comment il pouvait lire la neige et la glace, sachant où il était sécuritaire de voyager et dans quelle direction aller, peu importe la visibilité. "J'ai appris de mon père, il y a longtemps, à vérifier le sol et la neige tout le temps ", a-t-il dit.

Saul m'a raconté qu'il utilisait également le vent pour l'aider à naviguer sur de longues étendues de glace. Et je sais qu'il le fait bien ; j'ai mis ma vie entre les mains de Saul plus d'une fois en voyageant sur la glace de mer. Je n'ai aucune idée du nombre de fois où Saul m'a sauvé la vie sans même que je le sache, avec une simple déclaration comme "Ne va pas par là. Va par là."

L'aîné Saul Aqslaluk Qirngnirq a appris de son père à lire la glace et la neige. C'est une compétence importante dans la vie qui risque de se perdre.
L'aîné Saul Aqslaluk Qirngnirq a appris de son père à lire la glace et la neige. C'est une compétence importante dans la vie qui risque de se perdre.

Lors d'un de ces voyages, Saul avait emmené son petit-fils, Keith. Il était enthousiaste à l'idée de pouvoir transmettre une partie de ses connaissances à la jeune génération. Il m'a dit qu'il était triste et déçu de voir que si peu de jeunes apprennent à se déplacer sur la terre, à chasser et à rentrer chez eux en toute sécurité. Saul, comme de nombreux aînés à qui j'ai parlé, croit fermement que les enfants doivent apprendre les méthodes traditionnelles, celles qui permettent aux gens de survivre dans le dur environnement arctique. Ils considèrent que l'enseignement formel fait partie du problème. Comme le dit Saul : "Les enfants sont à l'école et ne sont pas sur le terrain".

La première fois que j'ai entendu cela de la part d'un aîné du Nord, mon instinct m'a poussé à ne pas être d'accord et à argumenter sur l'importance d'une bonne éducation. J'ai certainement dit à de nombreux jeunes de ces communautés de rester à l'école. Mais c'est plus compliqué que cela. C'est toujours le cas. Les personnes vivant dans l'Arctique doivent apprendre à survivre sur la terre ferme, et l'école ne leur enseigne pas cela. La glace de mer est le principal moyen pour les gens de se déplacer d'un endroit à l'autre, et voyager en toute sécurité devrait être une priorité absolue. Et la chasse, pour de nombreux Inuits, n'est pas simplement un passe-temps de plein air : apprendre à chasser est une question de sécurité alimentaire dans le Nord.

Les jeunes qui vivent dans les communautés de l'Arctique canadien voient rarement un lien entre les résultats scolaires et la sécurité économique ou nutritionnelle de leur famille. Les quelques emplois disponibles dans les mines, la conduite de camions d'eaux usées ou d'eau ou la réparation de motoneiges ne dépendent certainement pas d'un diplôme d'études secondaires. Et lorsqu'un père est au chômage ou sous-employé, un diplôme d'études secondaires ne nourrira pas sa famille, mais une bonne terre et des compétences en matière de chasse le feront.

Apprendre à connaître le terrain dans des conditions hivernales difficiles peut être une question de vie ou de mort.
De nombreux jeunes hommes inuits s'aventurent sur le terrain en tant que "guerriers du week-end", mais beaucoup d'entre eux ne possèdent pas les connaissances traditionnelles qui peuvent faire la différence entre la vie et la mort.

 

Les jeunes de l'Arctique canadien - en particulier les jeunes hommes - sont tiraillés entre deux directions : rester à l'école et obtenir une bonne éducation ou apprendre les techniques de la terre et de la chasse. Pour un jeune homme qui a une famille, ce choix peut être difficile. La vérité est que les deux ne s'excluent pas nécessairement l'un l'autre. De nos jours, de nombreux jeunes essaient de vivre le style de vie du "guerrier du week-end", partant le vendredi soir et rentrant le dimanche soir. Beaucoup se perdent aussi et comptent sur les aînés et les autres membres de la communauté pour les retrouver et les ramener en sécurité.

Il n'y a pas de réponse noire ou blanche, mais quelque part dans le gris se trouvent les questions de pertinence culturelle des programmes d'études secondaires et des approches pédagogiques dans le Nord. Il est peut-être temps de cesser de demander aux jeunes Inuits de s'adapter au système éducatif actuel et de demander plutôt au système de s'adapter aux besoins des jeunes Inuits d'aujourd'hui.

Blog post par Eric Solomon, directeur de Arctic Connections au Vancouver Aquarium Marine Science Centre.  

Pour en savoir plus sur les enjeux de l'Arctique canadien, consultez le site www.vanaqua.org/ournorth.

Posté le 7 décembre 2015 par Relations publiques

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