Déjeuner à Iqaluit
Lors d'un récent voyage sur l'île de Baffin, j'ai eu la chance d'attraper le déjeuner avec un ami. Et quand je dis "attraper le déjeuner", je veux dire jeter un filet dans l'eau et attraper le déjeuner.
Franco Buscemi partait poser son filet pendant sa pause déjeuner et m'a invité à lui donner un coup de main. Franco est un excellent exemple d'une culture inuite en pleine évolution qui conserve une grande partie de son mode de vie traditionnel tout en s'adaptant rapidement aux nombreux changements dans l'Arctique canadien. Il travaille dans le domaine du marketing et des communications dans une entreprise du Nord, cinq jours par semaine. Cela lui permet de payer ses factures, mais ce n'est pas la seule chose qui lui permet de manger sur sa table ; la chasse et la pêche sont des éléments importants du mode de vie de Franco et de bien d'autres dans le Nord.
Ce jour-là, Franco se dirigeait vers une petite crique juste à l'ouest d'Iqaluit pour poser son filet à marée basse. L'objectif était l'omble chevalier, un proche parent du saumon qui est assez abondant dans la région. L'omble se déplace dans les eaux peu profondes pour se nourrir lorsque la marée monte. Au menu, de minuscules crustacés - apparentés aux crevettes et aux crabes - que l'on peut facilement observer dans les petites mares laissées par la marée.
La baie de Frobisher peut connaître des variations de marée allant jusqu'à 13 mètres, et lorsque la marée est basse, il est facile de se déplacer le long du fond marin exposé pour poser un filet.
Nous avons installé le filet à 1h30 de l'après-midi sur un système de boucle simple. La boucle permet de rentrer le filet, de le vider et de le ressortir sans avoir à se mouiller. Des rochers ont servi d'ancrage aux deux extrémités.
Une fois le filet en place, Franco et moi sommes retournés en ville pour terminer notre journée de travail.
Nous sommes revenus 4 heures plus tard et la baie était sous l'eau ; les flotteurs du filet étaient à la surface. Après avoir libéré le filet des rochers, Franco l'a rentré et a libéré un par un 15 ombles de son emprise.
En 15 minutes, Franco a vidé tout l'omble, en gardant les foies, les coeurs et les oeufs.
S'il y avait un doute sur ce que l'omble avait mangé, le contenu de l'estomac de cet omble l'a fait disparaître.
J'ai pris un poisson pour le congeler et le partager avec ma famille à Vancouver, et un poisson pour le partager le soir même avec des amis à Iqaluit. Avec un réfrigérateur fraîchement rempli, Franco est parti au cinéma avec un cousin en visite.
Posté le 11 septembre 2011 par Eric Solomon